RAPPORT ANNUEL 2023

ARPAVIE RAPPORT ANNUEL 2023 UNE ASSOCIATION

2—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 d'êtr Qui sommes-nous ? Le groupe associatif ARPAVIE est l’un des deux plus importants gestionnaires associatifs de résidences pour personnes âgées en France. Adossé au groupe Caisse des Dépôts, ARPAVIE compte 127 établissements et services : 45 EHPAD, une plateforme gérontologique, 78 résidences autonomie, deux résidences services, un service de soins infirmiers à domicile ainsi qu’ARPAVIE@dom, une association d’aide et de services aux personnes âgées et handicapées couvrant les départements franciliens. L’offre de services d’ARPAVIE comprend en outre des dispositifs de répit proposant des places d’hébergement temporaire et d’accueil de nuit ainsi que des places d’accueil de jour. Le groupe prend soin de près de 9 000 résidents et emploie environ 3 500 collaborateurs. Au quotidien, nous nous efforçons de proposer dans chacune de nos résidences un accompagnement et un cadre de vie adaptés aux besoins et au rythme des personnes âgées, quel que soit leur niveau de revenus. Partout, la qualité est au centre du travail de toutes nos équipes depuis plus de cinquante-cinq ans. Notre raison d’être Accompagner et prendre soin des personnes âgées à revenus modestes en respectant leur identité, en portant une attention forte aux collaborateurs qui les servent et en excluant tout objectif de profit. NOTRE RAISON

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—3 re Sommaire L’édito Laure de la Bretèche, présidente d’ARPAVIE Jean-François Vitoux, directeur général d’ARPAVIE Bien vieillir L’autonomie, un modèle plébiscité Témoignages La qualité, c’est quoi selon vous ? Un accompagnement de qualité • Mobiliser les collaborateurs pour prendre soin des résidents • Innover pour mieux accompagner nos résidents • Faire évoluer nos résidences autonomie • La nutrition des seniors : un enjeu prioritaire L’innovation au service de la qualité • Manger, bouger, réfléchir... Le coup de pouce de la technologie • Témoignage : Marion Eymar, administratrice d’EHSIA • Témoignage : Dominique Pon, directeur général de La Poste Santé et Autonomie • Engagés pour une gestion numérique efficace et sûre des EHPAD Une offre d’accueil de qualité • Maintien à domicile des seniors : les trois dispositifs d’ARPAVIE • Reportage : du canoë pour maintenir l’autonomie • Le service de soins infirmiers à domicile pour vieillir chez soi en toute dignité La qualité, au travail aussi ! • Former ses collaborateurs, améliorer l’accompagnement des résidents Moments de vie Gouvernance En quelques chiffres 4 6 8 10 20 26 34 38 40 42

4—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 Prendre l’habitude de faire mieux et du mieux que nous pouvons, c’est sans doute le meilleur moyen de retrouver la fierté de notre mission.” Laure de la Bretèche Présidente Une de viequal En 2023, nous avons placé la qualité au centre de notre travail et ce rapport d’activité en rend témoignage. Pourquoi ce choix ? Il y a, bien sûr, parmi les raisons de ce choix, notre réflexion collective postannées Covid pour une amélioration en profondeur de nos pratiques. Il y a aussi les exigences plus fortes de nos tutelles et notre réactivité face aux missions d’inspection, dont la plus marquante a concerné notre EHPAD de Villejuif et son placement sous administration provisoire. Il y a aussi les attentes des familles de nos résidents, et notre volonté de garder leur confiance, d’être accueillants pour ceux qui pourraient hésiter à rejoindre une institution, EHPAD ou autre lieu d’hébergement, qui, partout, souffre d’une image abîmée. ÉDITO

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—5 L’exigence de qualité, c’est d’abord une certaine idée de nous-mêmes, de notre mission et de notre travail d’équipe.” Jean-François Vitoux Directeur général Laure de la Bretèche, présidente d’ARPAVIE Jean-François Vitoux, directeur général d’ARPAVIE lité Où que nous travaillions dans notre secteur, le métier est de plus en plus difficile. Mais, justement, parce que les crises et les incertitudes sont encore pesantes, il faut faire le choix de la qualité. Bien sûr, elle peut, vue de loin, ressembler à une « diversion », à un discours décalé à l’aune de l’urgence de dotations publiques encore insuffisantes, des effectifs manquants, et de la pression rude des contrôles, mais, pour nous, il s’agit en fait de bien autre chose. L’exigence de qualité, c’est d’abord une certaine idée de nous-mêmes, de notre mission et de notre travail d’équipe. C’est aussi un processus continu d’amélioration, une discipline qui doit devenir notre habitude. Si nous avons défini tous nos plans d’action et les traçons dans un outil commun – qu’ils soient issus d’audits internes, d’évaluations externes, d’inspections, d’EI/EIG/EIGS… –, c’est pour cela. Pour que cette discipline soit partagée et devienne notre habitude. La qualité n’est pas la perfection. Dans un métier où des femmes et des hommes prennent soin d’autres, plus fragiles, nous savons que chaque jour apporte son lot de réussites et de défaillances. Mais ce qui compte, c’est que nous acceptions avec lucidité que chaque défaillance soit une occasion de nous améliorer par l’exigence de qualité. Prendre l’habitude de faire mieux et du mieux que nous pouvons, c’est sans doute le meilleur moyen de retrouver la fierté de notre mission : accompagner comme nous voudrions, nous-mêmes, être accompagnés.

6—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 Face au vieillissement de la population, un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) pointe les conditions nécessaires pour accompagner le bien-vieillir et le maintien de l’autonomie. Alors que le gouvernement prend le virage domiciliaire, le rapport recommande la possibilité pour chacun de vivre dans un habitat choisi et adapté. Bien vieillir L’autonomie, un modèle plébiscité LE DOMICILE, LIEU PRIVILÉGIÉ POUR LES SENIORS La France vieillit, c’est une évidence démographique. D’ici à 2050, le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans doublera pour atteindre les 11 millions, soit 16 % de la population. Ce changement démographique doit être accompagné afin de permettre aux Français de vieillir selon leurs désirs. Ces derniers expriment un souhait clair pour vieillir chez eux, entourés et en autonomie, quitte à réaliser des aménagements chez eux ou à recourir à des services aux personnes. Selon l’enquête IFOP pour ARPAVIE publiée en mai 2022, 92 % des seniors souhaitent vieillir chez eux. Seuls 1 % d’entre eux envisagent un avenir dans un EHPAD. Cette réticence s’accentue au fil des générations, puisque les plus de 70 ans étaient 68 % à refuser de vieillir dans un EHPAD en 2021, contre 53 % en 2001, selon le baromètre d’opinion 2022 de la DREES. FAIRE DOMICILE En accord avec les aspirations de la population, le plan « Bien vieillir » du gouvernement présenté en 2023 s’inscrit dans ce qu’on appelle le « virage domiciliaire ». La loi promulguée le 8 avril 2024, prévoit, entre autres, la création d’un service public départemental de l’autonomie pour simplifier les parcours des personnes âgées et en situation de handicap, et garantir leur maintien à domicile. Toutefois, dans son rapport de février 2023, le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) recommande d’aller plus loin que le simple objectif du maintien dans le domicile historique. Le Haut Conseil reconnaît que pour les personnes âgées présentant des difficultés ou des vulnérabilités le domicile ne peut être une solution. Pour cette population, l’EHPAD joue un rôle de sécurisation du parcours qui ne pourra pas être tenu si le nombre de places reste constant face à l’accélération du vieillissement. Selon le HCFEA, il faut surtout donner la possibilité à tous de pouvoir vivre et « faire domicile » dans un habitat choisi, adapté et contribuant à la préservation de leur autonomie et du lien social. Il devient alors indispensable que les différentes catégories d’habitats intermédiaires entre le domicile privé et les établissements médico-sociaux soient facilement accessibles à chacun. ARPAVIE, DES OFFRES ET SERVICES ADAPTÉS C’est dans ce contexte que s’insère l’offre d’ARPAVIE qui, à côté du travail de sécurisation de ses EHPAD, conforte ses résidences autonomie, propose des services de soins et de soins infirmiers à domicile et engage un travail partenarial avec des bailleurs sociaux pour accompagner le vieillissement de leurs locataires.

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—7 BIEN VIEILLIR… 46 % des seniors craignent la perte d’autonomie selon l’enquête IFOP pour ARPAVIE publiée en 2023. 70 % estiment que bien vieillir c’est être en bonne santé physique. 1 % seulement envisagent un avenir dans un EHPAD. 7 % se projettent dans une résidence services seniors. 7 % des moins de 80 ans vivant à domicile et 21 % des 80 ans et plus ont effectué des aménagements pour adapter leur logement. Or, 25 % des personnes âgées de 60 ans et plus déclarent des limitations fonctionnelles susceptibles de rendre des aménagements nécessaires, selon les données du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA). 94 % feront tout pour finir leur vie à leur domicile. Le nombre de personnes présentant des incapacités (sévères ou modérées) augmentera de EN TOUTE AUTONOMIE LES ALTERNATIVES PEU ENVISAGÉES DES LOGEMENTS PEU ADAPTÉS DES BESOINS D’AIDE À L’AUTONOMIE EN AUGMENTATION CHEZ SOI 16 % entre 2020 et 2030, selon les projections de la DREES.

8—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 Alexandra Fernandes, directrice de la résidence autonomie De La Fontaine à Verrières-le-Buisson « Offrir le meilleur aux résidents » « Ce qui fait office de qualité au sein d’ARPAVIE, ce sont avant tout les valeurs associatives et humaines que nous retrouvons dans chaque établissement. Du côté des résidences autonomie, comme celle que je dirige à Verrières-le-Buisson, c’est de relever le défi de l’accompagnement adapté et personnalisé, de l’admission du résident à la fin de sa vie, lorsque cela est possible. Il n’y a presque pas de limites dans notre démarche d’accompagnement, que ce soit pour les tâches du quotidien, les activités, la nourriture, le soutien médical... et surtout au niveau du lien social. Notre rôle est également de faire vivre de belles expériences à nos résidents, d’être à l’écoute, de partager des moments, des événements au sein de la résidence mais aussi à l’extérieur. Nous travaillons au quotidien avec les résidents pour répondre à leurs problématiques et trouver des axes d’amélioration, via les conseils de vie sociale ou la commission animation. La vraie différence dans notre association, c’est ce pôle innovant et humain que nous mettons en place au service des personnes âgées afin de faire évoluer le modèle de la résidence autonomie, de l’adapter aux attentes progressives des personnes que nous accueillons, de mettre en place des nouveaux dispositifs et moyens qui permettront de maintenir et de développer l’autonomie. L’engagement qualité d’ARPAVIE pour moi ? Toujours s’améliorer pour offrir le meilleur à nos résidents. » Sandrine Blondel, directrice des soins chez ARPAVIE « Une démarche d’amélioration continue des pratiques » « En tant que directrice des soins chez ARPAVIE depuis 2022, je suis au cœur du développement de nos processus et de la qualité des soins apportés dans nos établissements, EHPAD ou résidences autonomie. En 2023, nous avons mis en place nos propres indicateurs qualité au sein de la direction des soins et de la direction médicale, ce qui nous permet d’accompagner encore mieux les résidents. Nous avons fourni un travail conséquent sur la sécurisation du circuit du médicament, en mettant à jour notre procédure qui prend en considération les recommandations de l’OMéDIT*. Nous apportons une attention particulière à l’appropriation de cette nouvelle procédure par les équipes sur le terrain, nous l’adaptons à chacun de nos EHPAD en accompagnant le personnel soignant. Selon moi, la qualité est une démarche d’amélioration continue des pratiques qui doit impliquer l’ensemble des professionnels du siège et des établissements. Il faut toujours que le résident soit au centre de la démarche qualité : l’objectif principal reste sa satisfaction et celle de ses proches. Démarche qualité et gestion des risques sont indissociables. Plus nous améliorons nos processus, moins il y a d’événements indésirables (EI). Actuellement, nous développons l’analyse des EI afin de les éviter au maximum. L’engagement qualité d’ARPAVIE pour moi ? Une meilleure gestion du temps, une satisfaction des résidents augmentée et une qualité de vie au travail améliorée pour les collaborateurs. » *Observatoire du médicament, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique. La qualité, c’est Témoignages

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—9 quoi selon vous ? 89 % des résidents sont satisfaits, au niveau national, des résidences autonomie d’ARPAVIE. Par départements, ce taux oscille entre 83 % et 91 %. 90 % des résidents sont satisfaits, au niveau national, des EHPAD ARPAVIE. Par départements, ce taux oscille entre 83 % et 97 %. 86 % des résidents en résidence autonomie estiment que l’accueil et la gestion administrative sont leur plus grande source de satisfaction. 80 % des résidents d’EHPAD estiment que l’hébergement est leur plus grande source de satisfaction. 86 % affirment être prêts à recommander leur résidence. 85 % affirment être prêts à recommander leur résidence. EHPAD ACCUEIL ET GESTION ADMINISTRATIVE RÉSIDENCE AUTONOMIE HÉBERGEMENT Enquête nationale de satisfaction 2023 réalisée auprès des résidents et de leurs familles.

10—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 UN ACCOMPAGNEMENT DE Garantir le bien-être de toutes et tous, partout et à tout instant. Fort de cette ambition, ARPAVIE mobilise et forme l’ensemble de ses collaborateurs à l’accompagnement de ses résidents. Une politique qui passe, entre autres, par une meilleure gestion des risques, l’optimisation du suivi médical et l’évolution constante du modèle de la résidence autonomie. qual

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—11 lité

12—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 Un accompagnement de qualité ARPAVIE mobilise l’ensemble de ses collaborateurs pour prendre soin de ses résidents S’inscrivant dans un processus d’amélioration continue de l’accompagnement de ses résidents, ARPAVIE a souhaité, au-delà des outils jusque-là déployés (projets d’établissement, conseil de la vie sociale, livret d’accueil, contrat de séjour, etc.), structurer une démarche qualité qui puisse se décliner sur l’ensemble de ses établissements. À la suite de la création d’un pôle dédié en 2021, un programme audit interne a été mis en œuvre, avec pour objectif d’effectuer un état des lieux complet et exhaustif de l’ensemble du parc, sur toutes les thématiques. À ce jour, 25 EHPAD sur 44 et 33 résidences autonomie sur 78 ont été audités. Petite originalité : l’audit est réalisé par un binôme constitué d’un des membres de l’équipe qualité et d’un directeur d’établissement. « Nous avons souhaité que cette démarche soit mise en œuvre par des pairs, pour susciter un échange autour des pratiques, explique Alice Michel, responsable qualité pour les résidences autonomie. Les établissements qui se sont fait auditer ont apprécié de pouvoir échanger sur tous les aspects de leur métier. » ARPAVIE met également en place des ateliers de préparation aux évaluations externes programmées par les autorités de tutelle (conseils départementaux, agences régionales de santé). Ces ateliers incluent des apports théoriques et des partages d’expériences de la part des équipes dont l’établissement a précédemment été évalué. L’audit interne et les évaluations externes ont permis de mettre en lumière la nécessité de mieux harmoniser pratiques et procédures, et ce constat a entraîné le déploiement au second semestre 2023 d’un nouvel outil : le logiciel AGEVAL. « La mise en œuvre du logiciel AGEVAL a représenté une grande avancée. C’est un outil dynamique ! Grâce à lui, les établissements peuvent prioriser les actions à mener – déterminées sur la base des audits, des évaluations ou des inspections – et celles qui découlent des réclamations ou d’événements indésirables auxquels ils ont fait face, explique Laurie-Anne Skander, responsable qualité EHPAD. Il leur permet aussi de s’assurer de leur avancée dans l’atteinte de leurs différents objectifs. » En matière de gestion des événements indésirables, par exemple, le logiciel a déjà entraîné des améliorations tangibles, en favorisant la communication entre le siège et les établissements. « Ce logiciel est une véritable aide à la centralisation et à la structuration de la démarche qualité. Il permet aux directeurs de suivre leur activité et les différentes actions conduites en équipe pour améliorer la qualité sur leur établissement, se réjouit Laurie- Anne Skander, et aujourd’hui, l’ensemble des équipes s’empare de la démarche. » À gauche, Laurie-Anne Skander et à droite Alice Michel.

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—13 Un accompagnement de qualité « L’inspection de l’agence régionale de santé (ARS), quand elle a lieu, est vécue comme quelque chose de stressant. Répondre aux exigences de l’ARS a représenté un travail important, et a impliqué de modifier certaines habitudes de travail. Mais finalement, cela nous a permis de mettre en place des outils en accord à la fois avec la réglementation, avec les procédures ARPAVIE et avec les besoins des résidents, qui aujourd’hui nous servent de guide au quotidien. Nous sommes parvenus à impliquer les équipes, à co-construire un plan d’action, et à le faire vivre. Nous avons notamment beaucoup progressé en matière de traçabilité des soins. On le constate au quotidien sur nos résultats, et au vu de la satisfaction des résidents et des familles, cela améliore la prise en charge globale des résidents. » Une démarche de gestion des risques a été structurée au sein des directions du groupe, pilotée par Hermine Pavan, directrice juridique et des risques déléguée. « Il s’agissait de développer une culture des risques qui soit partagée par tous, pour s’atteler collectivement à limiter la probabilité de survenance d’un incident, ou en cas de survenance, d’en limiter les conséquences. » Les groupes de travail constitués au sein de chacune des directions (secrétariat général, direction des ressources humaines, direction des systèmes d’information, direction du patrimoine, direction financière, direction de la communication, direction générale et direction des exploitations) ont permis d’élaborer une cartographie des risques – de la difficulté de recrutement à la sécurité d’un bâtiment. Les plans d’action menés sur les risques identifiés comme prioritaires par le Comité de direction et le Conseil d’administration ont permis de diminuer leur niveau d’occurrence ou de criticité. « C’est une démarche continue et collaborative. Le fait de travailler de façon décloisonnée, avec l’ensemble des fonctions support, nous permet de mieux appuyer les équipes des établissements, pour limiter la survenance d’incidents. » Une démarche collaborative pour une meilleure gestion des risques 3.35/4 Résidence Les Géraniums, La Chapelle- Saint-Luc 3.13/4 Résidence Émile Zola, Rosny-sous-Bois LES PREMIÈRES MOYENNES OBTENUES SUR LES ÉVALUATIONS HAS CONDUITES EN EHPAD Sandrine Martins, infirmière coordinatrice résidence, Le Vieux Colombier, Villiers-sur-Marne (94) LE POINT SUR LES INSPECTIONS

14—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 Un accompagnement de qualité Innover pour mieux accompagner nos résidents ARPAVIE expérimente et déploie des dispositifs innovants en lien avec des start-up et des institutions culturelles. L’objectif ? Favoriser l’autonomie en réinventant l’accompagnement santé des seniors, entretenir le lien social, vaincre l’isolement, ou encore lutter contre les maladies liées à l’âge avec la musique. En 2023, ARPAVIE a expérimenté puis déployé un service de télésurveillance et de téléassistance médicalisée, EPOCA, au sein de plusieurs résidences autonomie. L’objectif ? Proposer un diagnostic personnalisé et un suivi médical adapté. Créé en 2019 avec le soutien de l’agence de santé Île-de-France, le service n’avait été jusqu’alors expérimenté qu’auprès de patients à domicile. ARPAVIE a accompagné EPOCA et adapté son modèle et son offre de services à l’écosystème de la résidence autonomie. « Pendant toute la phase d’expérimentation, qui a duré près d’un an, nous avons mis en œuvre une méthodologie de projet collaborative. L’ensemble du groupe a été impliqué, via sa direction juridique, sa direction des systèmes d’information et de l’innovation, sa direction médicale, et ses directions territoriales. Surtout, nous avons intégré dès l’origine les directrices des trois établissements pilotes, se félicite Barbara Carillon, responsable du pôle innovation. Elles se sont énormément impliquées, et ont été parties prenantes dans l’amélioration de l’offre de services. Elles ont aussi impulsé une dynamique auprès des résidents. C’est le fait d’être partis du terrain qui nous a permis d’obtenir d’aussi bons résultats. » Chacun des résidents entrant dans le dispositif EPOCA bénéficie d’un check-up complet, et est équipé de dispositifs connectés (montre, médaillon) reliés à une plateforme composée d’une équipe pluridisciplinaire et médicale 24h/24 et 7j/7. « Certains de nos résidents entrent en résidence autonomie sans médecin traitant, voire sans avoir bénéficié de suivi médical depuis Continuer à améliorer le suivi médical avec EPOCA 32 recours aux urgences et 12 hospitalisations évitées 20 ruptures de parcours de soins évitées 81,5 % de résidents satisfaits du service LES RÉSULTAT DE L’EXPÉRIMENTATION EPOCA EN CHIFFRES plusieurs années, et le check-up initial a permis de détecter des pathologies non soupçonnées, qui nécessitaient parfois une prise en charge de façon urgente », explique Bénedicte Escenci, cadre de santé territoriale au sein de la direction médicale d’ARPAVIE. « Ensuite, le dispositif EPOCA permet de coordonner l’ensemble des intervenants médicaux et paramédicaux, pour une prise en charge à 360° des résidents qui le souhaitent. » Prises de rendez-vous, transports médicaux ou visites d’urgence, les meilleures options de prise en charge sont ainsi proposées et, souvent, des hospitalisations sont évitées. L’association souhaite développer ce dispositif dans toutes ses résidences dotées de l’enveloppe « forfait soins courants », afin qu’il n’y ait aucun coût supplémentaire pour les résidents. Au vu des résultats positifs de la phase d’expérimentation, son déploiement est d’ores et déjà en cours dans cinq nouvelles résidences, et se poursuivra en 2024 dans quatre autres résidences. Au-delà de son apport technique strict, ce dispositif permet d’accompagner le repositionnement de nos résidences autonomie en élargissant les services proposés aux résidents. Il constitue aussi un test à grande échelle pour envisager un déploiement en partenariat avec les bailleurs sociaux auprès de leurs locataires âgés. Le Dr Élise Cabanes, fondatrice d’EPOCA, avec deux résidentes et un proche aidant. 81 ans c’est l’âge moyen des personnes accompagnées par EPOCA

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—15 Un accompagnement de qualité ARPAVIE mène depuis 2020 un projet en partenariat avec Insula Orchestra, soutenu par le ministère de la Culture. Ce projet, démarré pendant la crise du Covid, propose de faire entrer la musique dans les EHPAD et résidences via la visioconférence. Mis en œuvre dans 12 établissements en 2023, il propose une séance mensuelle d’écoute d’extraits de captations des concerts d’Insula Orchestra, coanimée par un étudiant du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris et un membre de l’équipe de l’établissement. « Les résidents sont invités à écouter, puis à réagir aux extraits musicaux, à partager leurs émotions. Si l’objectif premier est de créer un espace de discussion et de favoriser le lien social, la régularité des séances permet aussi aux résidents de développer des connaissances sur la musique », explique Jeanne Dilé, chargée d’action culturelle pour Insula Orchestra. C’est dans cet esprit que ces séances sont complétées par un concert de l’orchestre au sein de chaque établissement ; les résidents sont également conviés à assister à une répétition et à un concert à La Seine Musicale à Boulogne-Billancourt (92). Afin de mesurer l’impact de ce dispositif, une étude quantitative et qualitative sera menée par le Living Lab Vieillissement et Vulnérabilités (LL2V) de l’université de Rennes, qui apportera son expertise scientifique et méthodologique, à partir de septembre 2024. « L’objectif de cette étude que nous confie ARPAVIE est d’abord de démontrer que le projet améliore la qualité de vie des résidents et des professionnels. Pour ce faire, nous allons nous appuyer sur des indicateurs de soins courants ainsi que sur les rapports réalisés par les établissements pilotes, et allons mener des entretiens avec une centaine de personnes qui ont participé à ce projet pour comparer avec d’autres EHPAD témoins, qui n’en ont pas bénéficié », indique Kevin Charras, directeur du LL2V et président du Gérontopôle de Bretagne. À terme, cette évaluation permettra d’identifier les leviers et les freins de toutes les parties prenantes au projet dans sa mise en place, pour ensuite modéliser le programme et l’implémenter dans d’autres structures du médico-social avec d’autres orchestres. « Ce projet prend tout son sens pour nous, car il introduit la culture au sein d’établissements qui en sont éloignés. C’est un dispositif novateur et inclusif qui répond à un triple objectif : la santé, la qualité de vie et le pouvoir d’agir des résidents et des professionnels », conclut-il. Une étude pour démontrer le pouvoir de la musique L’IA au service du soin À son entrée dans le dispositif EPOCA, chaque résident est équipé pendant quelques jours d’une montre connectée, qui permet de recueillir ses principales constantes vitales (tension, fréquence respiratoire, fréquence cardiaque, saturation en O2…) afin d’établir son profil de santé. Ensuite, seuls les résidents dont l’état de santé le nécessite vont continuer à la porter. Les soignants obtiennent en temps réel des graphiques de suivi. En cas d’anomalies remontées, des algorithmes d’évaluation des risques déclenchent un système d’alerte et l’intervention des équipes auprès du résident. Silverdo, une plateforme de partage adaptée au grand âge Déployée dans une vingtaine d’établissements, la plateforme de partage Silverdo permet de centraliser toutes les informations utiles, du calendrier des activités au menu du jour, de poster des photos et des vidéos, et de partager ces contenus auprès des résidents et de leur famille. « Nous avons fondé Silverdo pendant la crise du Covid, alors qu’il était compliqué d’avoir des nouvelles de ses proches. Pendant cette période, mes grandsparents sont entrés en EHPAD : c’est un projet de cœur, explique son cofondateur Thomas Arrias. Au centre du dispositif, la réflexion sur la meilleure manière d’intégrer un public non familiarisé aux usages numériques. Nous avons créé un outil simple, qui permet aux résidents d’accéder à l’ensemble des informations depuis leur télévision. » Muriel Rouveau, directrice de la résidence Madeleine-Wagner à Vélizy (78), se réjouit de l’utilisation de Silverdo : « C’est un outil de communication vivant, très apprécié des résidents ! » Le administratif

16—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 Un accompagnement de qualité Faire évoluer nos résidences autonomie ARPAVIE signe un plaidoyer pour le développement des résidences autonomie 1 ROUVRIR LE FORFAIT SOINS Seules 300 résidences autonomie sur 2 260 bénéficient d’un forfait soins, et aucune nouvelle résidence ne peut prétendre à ce forfait depuis 2008, ce qui impacte l’accompagnement de résidents nécessitant plus de soins, ou en situation de handicap, alors qu’il permet pourtant d’éviter des hospitalisations et des transferts en EHPAD. Nous demandons la réouverture de ce financement versé par les agences régionales de santé, à titre optionnel. 2 ÉLARGIR LE PÉRIMÈTRE ET LE MONTANT DU FORFAIT AUTONOMIE Le forfait autonomie permettant le financement d’actions de prévention de la perte d’autonomie, individuelles ou collectives, et le recours à des professionnels dédiés n’a pas évolué depuis sa création. Nous demandons la revalorisation du forfait autonomie et l’élargissement de son périmètre, tel que l’achat de matériel dédié. 3 ENGAGER UN PLAN D’INVESTISSEMENT POUR RÉNOVER LE BÂTI ET CRÉER DE NOUVELLES PLACES Majoritairement construit dans les années 1970-1990, le parc immobilier des résidences autonomie est vieillissant. Or, du fait de leur vocation d’accueil de personnes aux revenus modestes, les ressources de ces résidences ne leur permettent souvent pas de subvenir aux besoins de rénovation nécessaires. Nous demandons un plan d’aide à l’investissement décennal. 4 MODIFIER LE CASF** POUR ASSIMILER LES PRESTATIONS MINIMALES À UN SOCLE DE PRESTATIONS D’HÉBERGEMENT Les modalités de définition et de facturation dans les résidences autonomie restent parfois complexes. Dans un souci de transparence et d’équité, et à l’instar de ce qui se pratique dans les EHPAD, nous demandons d’inclure les prestations minimales obligatoires en résidences autonomie au sein d’un tarif hébergement facilitant ainsi les budgets des établissements. 5 ADAPTER LES SITUATIONS SPÉCIFIQUES DE FACTURATION Afin de soulager financièrement les résidences autonomie, sans pour autant pénaliser les résidents, nous demandons de rendre non applicable la déduction du forfait hospitalier prévue par le CASF, qui prive les gestionnaires de tout ou partie d’un loyer dans le cas où un résident est hospitalisé plus de 72 heures. 6 ALLONGER LE DÉLAI DE PRÉAVIS EN CAS DE DÉPART Le délai de préavis est actuellement fixé à 8 jours pour une résidence autonomie, contre 1 mois pour un EHPAD. Nous demandons de l’allonger à 30 jours afin d’assurer un taux d’occupation correct et d’anticiper l’accueil d’un nouveau résident. Depuis 2023, ARPAVIE innove dans l’accompagnement des personnes âgées vivant dans ses résidences autonomie en ne cessant de faire évoluer ses services, notamment avec les expérimentations PRESAGE, EPOCA. Avec d’un côté, l’augmentation significative du nombre de personnes âgées en perte d’autonomie (de 2,75 millions en 2021 à 4 millions en 2050*), et de l’autre, une réduction du nombre de places en EHPAD, il semble nécessaire d’apporter une nouvelle vision de la résidence autonomie, maillon essentiel dans l’accompagnement du grand âge aux nombreux avantages. ARPAVIE, au-delà des tribunes et communiqués publiés, s’est engagée pour le développement des résidences autonomie dans un plaidoyer cosigné avec la FEHAP et la FNADEPA, plaidoyer qui a reçu un accueil favorable des pouvoirs publics et dont les points essentiels sont résumés ci-après. *Selon une étude de la DREES. **Code de l’action sociale et des familles.

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—17 Un accompagnement de qualité En juillet 2023, Jean-Benoît Dujol, directeur général de la cohésion sociale (DGCS) s’est rendu dans la résidence autonomie Camille-Cartier récemment réhabilitée, située à Gennevilliers, afin, notamment, d’observer les expérimentations mises en place dans cet établissement, un des premiers à bénéficier du dispositif EPOCA. L’occasion pour Jean-François Vitoux, directeur général d’ARPAVIE, de présenter le modèle de la résidence autonomie et de défendre le plaidoyer pour le développement de cette dernière. Une visite qui démontre l’utilité des innovations santé qu’ARPAVIE expérimente dans ses résidences autonomie aux côtés de start-up françaises. Àchaque épisode du podcast « Cohésion », pensé et réalisé par la Caisse des Dépôts, un service pour accompagner les parcours de vie est mis en lumière. Parmi eux : le handicap et l’inclusion, la retraite, le CPF ou encore l’accès aux soins... Pour ce quatrième épisode, c’est le sujet du grand âge et le parcours résidentiel qui était approfondi. À cette occasion, Laure de la Bretèche, présidente d’ARPAVIE, était invitée pour parler de son action conjointe avec la Caisse des Dépôts, et surtout de l’importance des résidences autonomie. « Aujourd’hui, ARPAVIE, ce sont à peu près 80 résidences autonomie qui sont placées pour la plupart en centre-ville, proches des commerces, des transports et des services, totalement adaptées à des personnes âgées de plus de 60 ans qui n’ont plus le désir de vivre chez elles, explique Laure de la Bretèche au micro de « Cohésion ». Les résidences autonomie sont une offre particulièrement adéquate parce qu’elles ont un coût modéré, elles sont des établissements sociaux et médico-sociaux, et offrent un logement autonome. Nous sommes actuellement en train de développer une offre de soins, comme EPOCA. » Justement, Florence Puiservert, directrice de la résidence autonomie ARPAVIE Les Tarâtres a pu bénéficier du dispositif et revient sur cette expérience, accompagnée du Dr Cabanes, cofondatrice d’EPOCA. Un échange inspirant sur l’avenir des résidences autonomie. La résidence autonomie, un modèle regardé par les pouvoirs publics Podcast : la Caisse des Dépôts met à l’honneur les résidences autonomie À découvrir ici : https://podcast.ausha.co/ politiques-sociales/cohesion-n04-favoriser-unparcours-residentiel-adapte-aux-besoins-desseniors

18—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 Un accompagnement de qualité « La dénutrition est une maladie silencieuse qui peut toucher nos résidents à leur arrivée, au cours de leur séjour ou après une hospitalisation, explique le Dr Nadia Mazouz, directrice médicale adjointe d’ARPAVIE. Les conséquences sont multiples : diminution des muscles avec un risque de chute important, diminution de la réponse immunitaire et donc augmentation du risque d’infections, cicatrisation plus difficile en cas d’escarres. » Pour prendre en charge cette pathologie, ARPAVIE a mis en place depuis 2021 un protocole adapté désormais appliqué dans tous les établissements. L’état nutritionnel des résidents est évalué lors de l’admission avec prise de poids et calcul de l’IMC*. Les trois premiers jours, les équipes recueillent également des données sur les ingesta alimentaires et hydriques afin de déterminer le profil mangeur et buveur de la personne. Cela va permettre de définir les apports nutritionnels, de composer les menus et de déterminer les textures La nutrition des seniors : un enjeu prioritaire Un protocole bien rodé Parce que la dénutrition est une pathologie qui touche beaucoup de personnes âgées, ARPAVIE a décidé de se mobiliser pour faire de la nutrition un de ses enjeux prioritaires. Un engagement fort dont le succès repose sur l’ensemble des personnes intervenant aux côtés des résidents. les plus adaptées. En prévention, les soupes et desserts, généralement très appréciés des résidents, sont enrichis pour tous. Et si nécessaire, il est possible de prescrire des compléments alimentaires. Le protocole prévoit également une réévaluation tous les mois pour les personnes non ou modérément dénutries, et tous les 15 jours en cas de dénutrition sévère. « Nous organisons, par ailleurs, chaque mois des réunions nutrition qui regroupent tous les intervenants afin de faire le point sur chaque résident, poursuit le Dr Nadia Mazouz. On travaille en étroite collaboration avec les équipes de la restauration pour proposer des menus au plus près des attentes des résidents. Il faut généralement des choses simples qui s’inscrivent dans leur histoire de vie. Aménager les lieux de restauration est également important tout comme établir des plans de table avec la psychologue. Les soignants et les équipes de service sont très impliqués, bien sûr. La nutrition est un véritable travail d’équipe ! » En 2023, pour aller encore plus loin, les directeurs ont été équipés d’une interface qui leur permet d’avoir une vision complète de l’état nutritionnel de leur établissement. Le travail sur l’activité physique adaptée se poursuit également et l’évaluation de l’état bucco- dentaire des résidents figure parmi les futurs objectifs, l’un comme l’autre étant intimement associés à la problématique de la dénutrition. *IMC : indice de masse corporelle. Les repas sont pour les résidents très importants, c’est un moment de plaisir qui rythme leur journée. Il faut donc à la fois élaborer des menus qui leur plaisent et qui correspondent aux préconisations médicales du Dr Mazouz pour éviter la dénutrition. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos trois prestataires de restauration afin de répondre au mieux aux attentes de tous. Les commissions de restauration organisées tous les trois mois sont également importantes pour réfléchir ensemble aux meilleures propositions pour les résidents. CHRISTIAN AUBIER, responsable restauration d’ARPAVIE

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—19 Un accompagnement de qualité En 2023, pour la troisième année consécutive, ARPAVIE s’est mobilisé dans le cadre de la Semaine nationale de lutte contre la dénutrition. Plusieurs actions de sensibilisation ont été organisées durant toute une semaine. Deux tables rondes ont eu lieu : l’une au sein de la résidence Laure-Eteneau à Épinay-sur-Seine sur le thème « Risques et conséquences de la dénutrition chez la personne âgée », et une autre relayée sur différents sites qui portait sur la « Prévention ou prise en charge de la dénutrition ». Deux webinaires ont également permis de donner la parole à ceux qui œuvrent pour les mangeurs fragiles, mais aussi de parler du plaisir de manger, le premier pas pour bien se nourrir. Une semaine riche en bons aliments et en bons moments ! Et parce que la meilleure façon de lutter contre la dénutrition, c’est encore de se mettre à table, de nombreuses animations ont mis les restaurants ARPAVIE en ébullition. Des repas partagés entre résidents d’unités de vie protégée, familles et collaborateurs, se sont ainsi tenus pour le plus grand plaisir de tous. Les menus étaient pensés pour convenir à tout le monde avec des textures faciles et des goûts simples. Et bien sûr, la diététicienne n’a pas manqué de sonder les résidents à la fin du repas pour recueillir leurs impressions. Pour ne pas rester sur sa faim, plusieurs dégustations de recettes enrichies sur place ont aussi été proposées et un concours inter-établissements a permis à des binômes agent de restauration/soignant de concocter des pâtisseries pour les résidents. Les amateurs de photos ont pu participer à un concours organisé autour du thème du goûter enrichi ! Les résidences autonomie n’ont, bien sûr, pas été oubliées : des stands de prévention ont permis aux résidents de s’informer. Car le meilleur moyen de lutter contre la dénutrition, c’est encore de la prévenir ! Pour autant, afin de concilier au mieux qualité des plats, modération tarifaire et sécurité des apports nutritionnels, il faudra sans doute faire évoluer les prescriptions des pouvoirs publics en la matière. À titre d’exemple, conserver comme référence normative cinq composants pour le dîner ne correspond pas (plus) aux habitudes et besoins réels des résidents mais se traduit par d’importants gaspillages.

20—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 L’INNOVATION AU SERVICE DE LA Nutrition, motricité, cognition… sont aussi des domaines où l’innovation a toute sa place. Améliorer l’efficacité de la gestion administrative des résidences, grâce au numérique, et lutter contre les cyberattaques, un défi qui exige inventivité et vigilance. qual

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—21 lité

22—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 L'innovation au service de la qualité Manger, bouger, réfléchir… Le coup de pouce de la technologie Avec l’appui de plusieurs de ses partenaires, ARPAVIE fait entrer un peu plus chaque jour l’innovation dans ses établissements. Objectif : aider les résidents à mieux manger, à bouger, à faire fonctionner leurs cellules grises… En EHPAD, alors que 40 % des personnes sont en état de dénutrition, 35 % de la nourriture finit à la poubelle. Forte de ce double constat, la société DMCC a mis au point des chariots de service et de débarrassage connectés qui permettent de peser automatiquement les bonnes quantités d’aliments et de mesurer à la fin du repas ce qui a été consommé ou pas. « Grâce à cette technologie, on peut définir les profils des mangeurs, À l’origine, il y a le petit robot NAO qui fait son entrée dans l’établissement Sainte-Lucie à Issy-les-Moulineaux. S’il est fort mignon, il est livré avec un système applicatif qui ne correspond pas aux besoins en EHPAD. ARPAVIE décide donc de monter un partenariat avec Capgemini Engineering et Broca Living Lab afin de mettre au point une programmation du robot plus adaptée pour stimuler la cognition et la motricité des personnes âgées avec des ateliers mémoire et de la gymnastique douce. « C’est un projet vraiment collaboratif qui associe les résidents afin de faire évoluer et améliorer constamment l’application », explique Caroline Rampeneaux, psychologue de l’établissement. Des équipements connectés pour lutter contre la dénutrition et le gaspillage Une application « maison » pour stimuler la cognition et la motricité adapter les menus pour qu’ils répondent mieux aux attentes des résidents et éviter ainsi le gaspillage alimentaire », explique Cyril Deronne, président de DMCC. Cette solution a été testée dans l’établissement Les Terrasses de Meudon pendant six mois et le résultat s’est avéré concluant. Le profil des bons mangeurs a été multiplié par deux et le gaspillage est tombé de 30 % à 18 %. « L’expérience a, en effet, été très positive, Si la recherche se poursuit, cette technologie s’avère très prometteuse : elle a déjà été présentée à l’étranger, lors du SantExpo et, dernièrement, à la Société française de gérontologie et de gériatrie. « Et à chaque fois, les résidents sont très fiers qu’on parle de ce projet ! Ils reprennent place dans la société. » Autre source de fierté pour ARPAVIE : cette expérimentation a été retenue dans le cadre d’une recherche francojaponaise menée par Yuko TamakiWelply, doctorante en sciences de la société à l’EHESS-ENS (sous contrat international du CNRS). L’objet de son étude : essayer de comprendre pourquoi il existe un décalage entre les effets positifs reconnus des robots auprès des confirme David Poinas, directeur de l’établissement. Aussi bien d’un point de vue médical pour lutter contre la dénutrition que pour communiquer auprès des familles afin de les rassurer sur les prises alimentaires de leurs proches. » Les chariots de débarrassage connectés sont désormais testés dans les résidences Jacques-Offenbach d’Épinay et Stenhuis de Saint-Omer. Une expérience à suivre. personnes âgées et le fait qu’ils ne soient pas ou peu utilisés dans les EHPAD. Yuko Tamaki-Welply a ainsi étudié le cas d’un établissement japonais équipé d’un robot et celui de Sainte-Lucie qui en est au stade de l’expérimentation. Sa thèse est en cours de rédaction, mais elle livre déjà un constat sur le cas d’ARPAVIE : « Je trouve intéressant que l’ingénieur soit présent à tous les ateliers et ajuste le robot en tenant compte des retours des résidents, en mode itératif. Le fait que des acteurs très différents soient également impliqués (thérapeutes, ingénieurs, etc.) est également un plus pour qu’au final on mette au point un robot adapté aux besoins. »

ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023—23 L'innovation au service de la qualité Convaincus que l’innovation doit intégrer les établissements, ARPAVIE et la Banque des Territoires ont créé en 2018 ARPAVIE Innovations, devenue EHSIA. Cette plateforme de solutions a pour vocation d’accélérer le processus en faisant se rencontrer de manière efficace le monde de l’innovation et celui des EHPAD. Explications avec Marion Eymar, administratrice d’EHSIA et responsable du pôle e-santé et vieillissement à la Banque des Territoires, Caisse des Dépôts. Pourquoi faire entrer l’innovation dans les EHPAD ? Marion Eymar : Tout simplement parce qu’elle peut apporter beaucoup aux résidents comme au personnel des établissements. L’innovation est partout aujourd’hui, investit tous les secteurs, mais le grand âge reste le parent pauvre en la matière. On perçoit trop l’innovation comme un coût et on n’en voit pas assez les bénéfices. Certes, il existe des incubateurs, des accélérateurs de start-up, des pôles de compétences qui s’intéressent au monde du médicosocial mais qui le plus souvent n’ont pas expérimenté leurs solutions sur le terrain, donc comment savoir si elles sont véritablement pertinentes ? Quel rôle joue alors EHSIA ? M.E. : La vocation d’EHSIA est de faire se rencontrer deux mondes : celui de l’innovation et celui des EHPAD et résidences autonomie. Et plus encore, de les faire dialoguer avec un même langage. En effet, ces deux mondes se connaissent mal, ayant des codes bien différents. EHSIA : faire dialoguer deux mondes EHSIA joue le rôle de lien, d’intermédiaire de confiance, avec l’objectif de faire entrer l’innovation dans les établissements de manière pérenne. Grâce à notre connaissance fine du secteur médico-social, nous avons la capacité de référencer les solutions à la fois innovantes et pertinentes pour les EHPAD. Les résidences sont souvent sollicitées en direct par des start-up, mais par manque de temps et de connaissances, elles ne vont pas plus loin. Et par notre intermédiaire, ces start-up se voient ouvrir les portes des EHPAD pour tester leurs solutions innovantes. Avez-vous justement des exemples d’innovations d’expérimentations à nous donner ? M.E. : Nous avons expérimenté NeoSilver pendant six mois dans quatre résidences autonomie. Cette plateforme de gestion propose un catalogue d’activités avec un vivier d’intervenants sur toutes les thématiques de la vie sociale. Les résidences peuvent créer un programme d’activités sur mesure sur l’année, et/ou proposer des événements. Elle permet aux animateurs d’avoir recours à des intervenants labellisés, testés, approuvés. Elle est déployée aujourd’hui dans 23 résidences ARPAVIE. Silverdo, une application pour les familles, résidents et professionnels, a également été testée avant d’être mise en place dans une quinzaine de résidences autonomie et deux EHPAD. Enfin, je peux citer EPOCA, une solution de téléassistance médicalisée et de télésurveillance qui est utilisée aujourd’hui par 245 résidents (cf. page 14). Nous favorisons l’expérimentation, mais accompagnons aussi les établissements pour financer les projets, les déployer et veiller à leur pérennisation. Nous voulons apporter les innovations chez ARPAVIE et dans d’autres groupes de résidences pour personnes âgées. Nous nous adressons à tout le secteur. Il faut que l’innovation ne soit pas cantonnée au secteur privé mais investisse aussi les établissements publics et à but non lucratif. + 100 structures bénéficiaires + 1 500 résidents bénéficiaires + 25 projets pilotés + 50 solutions & services EHSIA EN CHIFFRES EHSIA a su redéfinir, après des années marquées par les crises sectorielles, un business plan ambitieux. Ce business plan fait évoluer ses missions. À moyen terme, EHSIA doit devenir un « front office » de référence alliant à la prestation habituelle de proposition de solutions un vrai référencement opérationnel permettant de valider ces solutions et surtout d’organiser leur intégration. Cette spécificité doit en faire un interlocuteur naturel des parties prenantes que sont notamment les bailleurs sociaux, confrontés au défi considérable du vieillissement de leurs locataires. JEAN-FRANÇOIS VITOUX, président d’EHSIA

24—ARPAVIE _ Rapport d’activité 2023 L'innovation au service de la qualité À la tête du tout nouvel opérateur de services humains et digitaux en santé créé par La Poste en octobre 2023, Dominique Pon, directeur général de La Poste Santé et Autonomie, est également administrateur d’ARPAVIE. Il évoque pour nous son intérêt pour ARPAVIE, y compris en matière de synergie au sein du groupe Caisse des Dépôts. Témoignage. Dominique Pon, directeur général de La Poste Santé et Autonomie « Avec la création de La Poste Santé et Autonomie, La Poste se positionne dans la santé à domicile et ambitionne de devenir un partenaire clé dans ce domaine, offrant des solutions novatrices et accessibles pour tous. Au-delà des services humains et digitaux en santé que nous développons, ma mission consiste aussi à créer des synergies entre les filiales de la Caisse des Dépôts, qui répondent aux enjeux du vieillissement de la population et agissent en faveur du bien-vieillir. Je suis un jeune postier mais un ancien de la santé, cela fait vingt ans que je travaille dans ce secteur. Cela fait sens pour moi que des acteurs de long terme qui défendent des sujets éthiques impulsent cette dynamique de réseau et mobilisent toutes leurs énergies pour favoriser le maintien à domicile et la santé des personnes âgées en France. En tant qu’administrateur d’ARPAVIE, je suis au cœur des problématiques liées au vieillissement en établissement. Il y a tellement de champs à explorer et de pratiques à faire évoluer dans ce domaine. Par exemple, nous devons fluidifier les liens entre le monde du sanitaire et celui du médico-social, accélérer sur les sujets de plateforme de parcours de santé pour anticiper et améliorer les hospitalisations des résidents. L’intelligence artificielle (IA) générative pour la santé va révolutionner la recherche médicale, le diagnostic, les traitements personnalisés et l’expérience patient. La Poste Santé et Autonomie est engagée auprès d’acteurs de santé avec lesquels elle commence à présenter des cas d’usage. De son côté, ARPAVIE, notamment via sa filiale EHSIA, teste et utilise des nouvelles technologies comme les objets connectés et travaille avec des opérateurs comme EPOCA qui développent des solutions de télémédecine et de télésurveillance et des applications de suivi de santé. J’essaie de suivre de près toutes ces innovations qui sont autant d’opportunités pour repenser notre approche du vieillissement et consolider la priorité d’accompagnement du vieillissement du groupe Caisse des Dépôts. » « Je suis un jeune postier mais un ancien du secteur de la santé. » Dominique PON est un homme aux multiples talents et compétences. Diplômé en informatique, il a rapidement élargi ses horizons pour inclure des responsabilités de pilotage d’établissements de santé et de politiques publiques ministérielles dans le domaine de la santé. Son parcours professionnel est marqué par une volonté constante d’aider à faire progresser le système de santé, une mission qu’il poursuit tout naturellement au sein du Conseil d’administration d’ARPAVIE. Fervent défenseur de l’humanisation des soins, il est également très attaché à l’innovation technologique au service des seniors.

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